Histoire
En 1970, avant l’existence de la formation permanente, Michel Soulé animé, comme il le fut toute sa vie, d’un sens clinique aigu et préoccupé profondément par les enfants qui lui étaient confiés, comprend déjà que la formation des professionnels est indispensable pour accompagner l’évolution des représentations des besoins d’un enfant et de sa famille. Ces professionnels auxquels il fallait donner accès à la formation n’étaient pas les « décideurs », encore moins les acteurs de leur pensée mais appelés à l’époque « le petit personnel »... que Michel Soulé souhaitait réhabiliter au sein de leur place et rôle dans l’accompagnement des enfants et de leur famille.
À ces fins il crée le cours du Copes destiné aux professionnels de terrain du champ psycho- social. Lieu, certes d’enseignement, mais aussi et surtout d’échanges et rencontres pluridisciplinaires. La vision de Michel Soulé était juste : les professionnels, alors qu’ils venaient sur leur temps de repos et finançaient eux-mêmes cette action, se sont emparé de cette formidable occasion de penser autour des situations familiales complexes qu’ils accueillaient déjà, de nourrir de concepts éclairés leur réflexion et de partager avec des confrères leurs questionnements, enthousiasmes et parfois agacements...
Très vite les dispositifs de lois amène le Copes à se développer et devenir organisme de formation et au fil du temps, à déployer son activité tant en terme de modèles pédagogiques, de choix de thématiques que du volume de stagiaires accueillis.
Mais les valeurs profondes et fondatrices du Copes vont traverser les décennies et structurer de façon identitaire les choix et engagements militants:
- partir inlassablement de ce que vivent les professionnels sur le terrain, de leur expérience, de leur clinique,
- réfléchir aux prises en charge et aux pratiques à l’aide de concepts éclairés en évitant toute forme de dogmatisme,
- partager de façon confraternelle les ressentis et difficultés des professionnels,
- faire appel à des cliniciens chevronnés qui au-delà d’apports théoriques subtils partagent avec humanité et plaisir les questions cliniques des participants.
Tout ceci et ce depuis les origines, donne une teinte particulière aux formations du Copes. L’espièglerie et l’humour légendaires de Michel Soulé sont un des héritages les plus précieux et se partagent souvent avec les intervenants : pouvoir aborder des situations parfois dramatiques avec la distance si élégante et efficace de l’humour, se pencher sur la gravité de l’existence sans se prendre au sérieux.
Aujourd’hui, dans un monde où une pensée créatrice et essentielle est déniée aux professionnels, le Copes fort de sa longue histoire entre en militance douce. L’enjeu est de taille : se former, acquérir des savoirs, connaître les nouvelles recherches théoriques certes, mais surtout autoriser une pensée vivante qui se laisse contredire, qui explore les acquis du passé sans nostalgie et qui a de l’audace.