Actualités des psychologues
Je vous écris ce jour pour vous alerter à propos du projet de remboursement des psychologues en libéral. Ce projet, en cours depuis plusieurs années, semble prendre forme de manière plus précise notamment du fait de la Covid 19 et des vagues nommées « psychiatriques ».
Il en va de la pérennité de la profession des psychologues en libéral, et bien évidemment de l’accès aux soins pour les patients actuels ou potentiels.
Bien évidemment, l’idée de rendre les soins psychiques en ville plus accessibles à tous est une bonne chose.
Cependant, si le projet actuel du gouvernement était appliqué tel quel, ceci condamnerait probablement l’exercice des psychologues en libéral. Et ce pour diverses raisons, déontologiques et financières :
- Les psychologues ne deviendraient accessibles qu’en passant par un médecin généraliste qui "prescrirait" le travail de psychothérapie pour 5 séances, éventuellement renouvelable selon l’avis d’un psychiatre. De cette manière, le travail de psychothérapie serait inclus dans un parcours de soin et le psychologue deviendrait un paramédical, au même titre qu’un kiné ou un orthophoniste. Ceci me semble antagoniste avec la dimension de soin psychique.
- Le projet du gouvernement se base sur un tarif de remboursement (sans dépassement possible) de 22€ pour 30 minutes de consultation, ou de 32 € pour 45 minutes. Ayons en tête qu’actuellement les tarifs des psychologues en France oscillent entre 50 et 70 € pour 30 à 45 minutes selon les pratiques. Le tarif de 22 €, charges déduites, serait une asphyxie probable du professionnel.
- Le démantèlement des CMP (Centre Médico-Psychologiques), déjà en cours, se poursuivrait sous l’argument que les psychologues libéraux sont remboursés. Or les institutions publiques et le soin institutionnel ne peuvent être « remplacés » par les psy en libéral.
Je vous invite à prendre le temps de lire la pétition suivante, qui résume la situation.
Et également cet article synthétique du Journal des psychologues.
Ce projet, qui court depuis 2017, avance à grands pas. La cour des comptes a entériné l’idée en février 2021, notamment du fait de la situation « d’urgence » de la covid-19.
En parallèle de ce projet, les psychologues sont inquiétés par d’autres actions du gouvernent, notamment l’arrêté du 10 mars 2021 relatif à l’exercice des psychologues avec les enfants présentant des « troubles neurodéveloppementaux » (une nouvelle appellation de l’autisme et des Troubles Envahissants du Développement) :
Cet arrêté encadre légalement la pratique des psychologues et prescrit des méthodes de soin bien précises. Il ne s’agit plus ici des "simples" recommandations de bonnes pratiques de l’HAS. Que reste-t-il de la liberté des pratiques pour les psychologues, et la liberté de soin pour les patients et leurs familles ?
Plus que jamais, il faut une mobilisation importante pour faire entendre nos voix !
Lisa Locatelli
Psychologue clinicienne
EMP de Fontenay-sous-Bois (94)